Quand un prix Goncourt s'intéresse aux courses...

Je me suis longtemps caché derrière le manque de temps pour lire. De malheureuses circonstances professionnelles font que je peux pas en ce moment invoquer cette excuse. Alors, j'ai acheté le Prix Goncourt. Tant qu'à s'y remettre, autant commencer par du bon. Le bouquin s'appelle "Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon". C'est absolument formidable mais je ne vais surtout pas me lancer dans une critique qui serait grotesque. Pour vous convaincre de le lire, je vais quand même vous dire - attention spoiler - que le père du héros, un pasteur, va découvrir le monde des courses au Canada. L'auteur, Jean-Paul Dubois, servi par une plume incisive, nous offre alors le portrait d'un looser magnifique qui oublie son Dieu au profit des trotteurs.

Extrait 1

"A chacune des courses, en fonction de la couleur de la toque dont il ignorait tout, Johanes choisissait un attelage, descendait comme si sa vie en dépendait, au bureau des paris, sortait ses dollars et misait sur l'inconnu d'une crinière, l'aléatoire d'une foulée, avec un allant et une foi qui ne laissaient pas imaginer un seul instant que cet homme traversait une crise de confiance en lui et en son Sauveur".

Extrait 2

"Il commença à élever le ton quand son favori se rapprocha de la tête. Et quand il la prit, le pasteur pécha pour la première fois : "Vas-y, putain, vas-y".

Extrait 3

"Il ne semblait pas s'imaginer que cette activité puisse comporter des risques - perdre, par exemple".

Extrait 4

"Le pasteur était rentré dans le vortex du vaincu, ce trou noir qui avale inexorablement celui qui a trop perdu pour renoncer, d'autant qu'il est, au fond de son cœur, convaincu, que la chance et les chevaux finiront par tourner à nouveau dans le bon sens".